Centre pénitentiaire à Entraigues : avis défavorable

À quelques jours de la fin de l’enquête publique* portant sur le projet de construction d’un centre pénitentiaire sur le territoire de la commune d’Entraigues-sur-la-Sorgue, FNE Vaucluse fait le point sur ce dossier et communique les raisons de son avis défavorable.

Contexte du projet de centre pénitentiaire à Entraigues

Ce projet de maison d’arrêt s’inscrit dans le cadre du nouveau plan immobilier pénitentiaire «15 000». Il s’agit d’augmenter le nombre de places de détention en France, tout en améliorant la prise en charge des personnes détenues et les conditions de travail des personnels.

Le nouvel établissement se situera à 5, 5 km de l’établissement pénitentiaire du Pontet, ouvert en 2003 mais déjà saturé. Il ouvrira 400 places pour des détenus condamnés à des peines de 2 à 5 ans.

Par le site de construction retenu, en zone rurale, le projet est en contradiction avec un courrier de décembre 2016 du Garde des Sceaux recommandant que « l’essentiel des futurs établissements puissent être construits en agglomération, voire en centre-ville, et non en zone rurale ou périurbaine »

Le choix d’accueillir 400 détenus implique un grand établissement sur un espace important. En contradiction avec ses propres recommandations, l’État s’oblige à construire en campagne.

Consommation de foncier

Entraigues avait prévu d’autres usages sur le site convoité par l’État. Pour les satisfaire, elle cherchera ailleurs : la consommation de foncier en sera donc doublée.

Il en va de même pour le SCoT du bassin de vie d’Avignon. Il faudra le mettre en compatibilité avec ce projet de centre pénitentiaire qui devra apparaître clairement dans le PADD et dans le DOG. Les élus en charge du SCoT ont déjà annoncé qu’ils n’entendaient pas être comptables de la consommation de foncier imposée par l’État : pour satisfaire ce qu’ils estiment être leurs besoins, ils consommeront, ailleurs sur le territoire, l’équivalent de ce qui est artificialisé pour la prison.

Le projet d’établissement pénitentiaire d’Entraigues-sur-la-Sorgue bétonnera définitivement 15 hectares de terre de bonne qualité agronomique, sans compter les annexes et voies d’accès. Dès la déclaration d’utilité publique (DUP) prononcée, les expropriations d’agriculteurs commenceront.

Risques et nuisances

Le site retenu est soumis au risque d’inondation. Il a été impacté par les crues de 1992 et de 2003. Le bâtiment de la prison, son mur d’enceinte de 300 m sur 300 m, les équipements qui l’accompagnent, augmenteront le risque d’inondation pour tous les occupants du territoire.

La sécurisation du centre pénitentiaire nécessite l’installation de 1331 points d’éclairages. Entraigues pourra donc devenir une destination de choix pour tous ceux qui ont la phobie du noir … ou celle des chauves-souris qui ne s’y attarderont plus !

L’augmentation du trafic routier augmentera la pollution de l’air, déjà conséquente du fait de la route express Avignon-Carpentras, et le bruit. Tous, riverains et détenus, devront partager cette nocivité. S’y ajouteront les problèmes sonores liés à la proximité du motocross et les nuisances olfactives liées au voisinage du centre d’enfouissement technique des déchets !

Ce bâtiment qui élèvera ses 2 étages et ses enceintes au milieu de la plaine des Sorgues contribuera encore un peu plus à la dégradation du paysage.

Enfin, il semble qu’à l’exception notable de l’Autorité environnementale et, bien évidemment, du maire de la commune, personne n’ait réfléchi au problème d’ajouter à une station d’épuration déjà dépassée, les effluents quotidiens de 550 habitants supplémentaires…

Biodiversité

Destruction de zones d’alimentation et de transit, perturbation des milieux et de leurs fonctionnalités écologiques, destruction des zones de chasse et de transit : la biodiversité existant sur ce site paie le lourd tribut inhérent à toute construction importante.

De nombreuses espèces protégées subiront l’impact lié à ce projet de ce qui seront impactées, citons : des passereaux, comme la Cisticole des joncs, des chiroptères, des reptiles (entre autres la Coronelle girondine, la Couleuvre à échelons, la couleuvre de Montpellier, l’Orvet fragile), des insectes orthoptères, telle la Magicienne dentelée.

Coté flore, la prison s’installe sur une rare pelouse à Brachypode de Phénicie que l’on envisage de recréer.

Conclusion

Foncier surconsommé, risques naturels aggravés, pollutions en tout genre, destruction d’espèces protégées : l’État créée un centre pénitentiaire qui multiplie les nuisances et dont l’implantation contrevient aux règles qu’il s’est lui-même données.

FNE Vaucluse ne pouvait donner qu’un avis défavorable à ce projet.

* Il est encore possible de contribuer jusqu’au 17 mai à cette enquête publique grâce à ce lien.

À CE SUJET, DANS LES MÉDIAS LOCAUX

• 08 mai 2021 - Par Le Dauphiné Libéré - Chiffre du jour : sept hectares d’emprise pour la future prison d’Entraigues-sur-la-Sorgue